Le Temps Jeudi 10 septembre 2009
Veillées ramadanesques à Bab Souika
Nostalgie par ces temps qui changent
Une soirée ramadanesque à Bab Souika c'est avant tout une promesse de trouver tous les riverains à la rue avec leur paquet de "glibettes" et un risque de ne pas trouver où garer la voiture. Dès la rue Bab Bnet on remarque la densité de la circulation et le nombre de piétons en route vers Bab Souika
On passe, au dessus du tunnel à travers la petite rue exiguë en faisant attention à ne pas effleurer les gens de passage et les énerver. La place Bab Souika est noire de monde, mais très lumineuse. Les lanternes publiques, les projecteurs de la maison de culture et les lumières des commerces donnent à la place un aspect de bain de lumière. Les cafés, les pâtisseries, les petits commerces sont tous actifs et bondés de monde. Femmes et enfants, des familles et des amis ont apporté le gazouz et les glibettes pour passer une agréable soirée dans la place. Les bancs, les trottoirs et les bords d'escalier servent de siège au public amassé autour de la scène vide. Ils attendent le spectacle de ce soir, mais apparemment il n'y avait rien de prévu pour ce Vendredi. Le public n'avait besoin ni de marketing ni de publicité pour venir en masse," assister au spectacle du soir qui est devenu une tradition, on y va automatiquement" explique une dame. Mais même sans spectacle, les riverains sortent quand même " nos appartements sont étroits et il y fait très chaud, on aime descendre faire un tour à pied ou rester sur la place pour prendre l'air" explique la dame. Le fait de papoter un peu et regarder la rue agitée suffit pour meubler la soirée.
Avant, pour attirer les gens vers les salles de café chantant, on faisait du marketing à l'ancienne. La danseuse dansait sur une table, devant la porte de la salle pendant quelques minutes pour faire de la promo puis rentrait dans la salle. Une autre tactique consistait à lever le voile de façon à laisser voir l'intérieur de la salle, et les gens de passage s'arrêtent pour voir, s'ils veulent assister, le vendeur de tickets est juste devant la porte et n'attend que ça. Quant à Warda et sa troupe, ils sortaient dans la rue pendant cinq minutes et donnaient envie au public de voir tout le spectacle.
Aujourd'hui le spectacle se passe dans la rue, gratuitement, pour tous les riverains. Bien sûr ce n'est ni Hédi Jouini, ni Oulaya, mais un spectacle divertissant tout de même. La grande place qui servait d'espace pour les fêtes officielles et les défilés (comme le 20 Mars) est devenue une esplanade pour les veillées ramadanesques.
Dommage que l'état de la place se dégrade peu à peu par la pollution et le manque de conservation. En effet, il y a trop de personnes non civilisées et inconscientes qui traitent les lieux comme une poubelle géante. Les bouteilles en plastique et les déchets s'amassent dans tous les coins gâchant le plaisir de la promenade. Autre hic, les jeunes qui se bagarrent et gênent les familles. Ceux là mêmes qui trainent un peu partout, l'avenue Habib bourguiba, Bab Jazira et ses environs.
Hager ALMI
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