LA PRESSE DE TUNISIE
Mardi 06 Novembre 2007
Musique
L’adieu à Mustapha Charfi
L’oubli n’effacera pas la trace
Mustapha Charfi nous a quittés ce dimanche. Depuis des semaines, il luttait contre la maladie.
Sa disparition nous laisse un vide et sans doute, des remords, beaucoup de remords.
Mustapha Charfi a fait partie d’une période emblématique de la chanson tunisienne. Celle des Tarnane, Jouini, Saliha, Oulaya, etc. Parmi ces artistes de l’âge d’or, il avait une place de choix : grand parmi les grands. C’était une voix puissante, compétente, présente. C’était surtout une âme fine du chant, éprise de beauté, fidèle au sens. On ne lui aura pas connu de répertoire prolifique, mais ce qu’on lui a connu habite à jamais les mémoires et les cœurs : Dar el hawa, Lanmathelek, pour ne citer que ses purs joyaux. L’avons-nous consacré à son juste mérite? Lui avons-nous toujours donné son dû? Mohamed Garfi, qui l’associa longtemps à son œuvre, le déplorait l’autre jour. Il s’interrogeait sur un «étrange oubli», sur de longues années durant lesquelles, même «au plus fort de la pénurie vocale», nous aurions incompréhensiblement «négligé le plus authentique de nos ténors». Dieu pardonne à l’époque musicale que l’on vit, souvent insouciante de l’art. Et que le souvenir de Mohamed Charfi perdure désormais en nous. L’oubli n’efface jamais la trace.
K.T