ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
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ÞÏíã 02/12/2012, 18h12
ÇáÕæÑÉ ÇáÑãÒíÉ ÊíãæÑÇáÌÒÇÆÑí
ÊíãæÑÇáÌÒÇÆÑí ÊíãæÑÇáÌÒÇÆÑí ÛíÑ ãÊÕá  
ãæÇØä ãä ÓãÇÚí
ÑÞã ÇáÚÖæíÉ:246641
 
ÊÇÑíÎ ÇáÊÓÌíá: June 2008
ÇáÌäÓíÉ: ÌÒÇÆÑíÉ
ÇáÅÞÇãÉ: ÇáÌÒÇÆÑ
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,284
ÇÝÊÑÇÖí ÑÏ: ÞÕíÏÉ ÙÇáãÉ...ØÇá ÇáÖÑ ÚáíÇ

jeudi 21 avril 2011

Dhâlma


Hichem Zoheïr ACHI






L’idée de publier le poème de Dhâlma (Injuste) deBenguennoune(1761-1864) [a] m’est venue en en lisant le texte sur la page de quelques amis sur Facebook. Je leur ai alors dit que j’essayerais de corriger les erreurs que j’y avais lues. J’avais parlé trop vite. Quelle corvée de taper sur un clavier en arabe. La langue n’y est pour rien, c’est plutôt que ledit clavier n’est pas conçu pour elle mais pour les langues à alphabet latin. Là, j’ai envie de faire un petit procès aux Arabes mais je m’abstiens pour ne pas détourner le propos.


A Constantine, le poème Dhâlma est classé comme ξaroubi (ÚÑæÈí). En fait, on classe dans cette catégorie à peu près tous les poèmes bédouins. En réalité, la poésie appartient plus au Melhoun. Un genre poétique formant triptyque avec le hawzi et le ξaroubi. Les poèmes de ces trois genres peuvent facilement être classés chez l’un ou l’autre. Ce phénomène est sensiblement le même pour le muwashshah et le zadjal. Les muwashshahs les plus tardifs sont assez difficiles à distinguer des zadjals. La chose se comprend aisément puisqu’un genre qui commence à différer de ce qu’il était annonce logiquement la naissance d’un autre. Je me sens également dans l’obligation de parler d’un autre phénomène. Certains hawzis à Alger ou à Constantine sont classés ξaroubis à Tlemcen. Le fait que le ξaroubi soit considéré comme « moins noble » que le hawzi (parce que non citadin) a-t-il un rôle dans cela ? Je ne saurais dire.


Le prénom de Benguennoune est-il El Hâni, Henni ou El H’bîb ? Les trois versions continuent à coexister. Les Constantinois ont adopté El Hâni. Ceux qui soutiennent que son vrai prénom est El H’bîb disent que, dans le poème, « henni » est un verbe conjugué à l’impératif. Il s’agirait du verbe arabe :åÜäÜøÜÃ(= féliciter). Ce qui donnerait :


íÇ ÈäÊ Çááí íæß쾂 Ýí äåÇÑ ÇáãÒÇÏãÉ


åäøí Èä ڤÜäøæä ÔÇíÞ Úáì ÎíÇáß



Apaise Benguennoune qui souffre de ton éloignement, ô fille de braves aux jours de combats.




L’hypothèse me semble peu crédible. Elle voudrait dire que Benguennoune demande à sa bien-aimée de le féliciter pour le fait qu’il soit souffrant de son amour pour elle. Or, plus loin dans le poème, il décrit l’état lamentable dans lequel il est. Je crois qu’il n’y a que deux hypothèses crédibles. La 1ère : El Hâni (ou Henni) serait le prénom du poète ou son pseudonyme. La 2ème : hâni (sans accentuer la consonne ‘’n’’) signifierait « je suis Benguennoune », ou bien « me voilà, moi Benguennoune ». Une manière pour le poète de signer son œuvre, même si elle peut paraître teintée de prétention. Dans l’impossibilité actuelle de trancher, je publie le poème dans sa version chantée à Constantine et qui prononce El Hâni. Je fais remarquer, au passage, que le prénom El Hâni signifie littéralement : le quiet. Drôle de quiétude pour quelqu’un qui souffre le martyr.


Trois poèmes de Benguennoune sont largement connus. Le deuxième est : El m’chahra (Celle qui étale sa beauté) et qui a été publié par Mohamed Belhalfaoui, en arabe dialectal et avec une traduction en français sous le titre de : La belle aux merveilleux atours [b]. Dans le même ouvrage, Belhalfaoui décrit Benguennoune comme « grand troubadour mascaréen du siècle dernier (ndla : le livre a été publié au XXe) … » [c]


A propos du troisième poème de Benguennoune : Goulou l-si M’hammed la yghidik hâlek (Dites à si M’hammed de ne pas se lamenter), un chanteur constantinois l’a soustrait à l’oubli, vers la fin des années 1980. C’est Hocine Berrahma à qui cheikh Larbi Benlebjaoui (1920- ) avait indiqué la sanξa (mélodie).


Il existe beaucoup de versions pour le texte du poème Dhâlma et il m’est impossible en si peu de temps d’affirmer avec certitude quelle version est la plus juste. Pour les besoins de cette publication, j’ai tenu, autant que possible, à conserver la version chantée à Constantine. Nonobstant, j’ai corrigé les termes et les expressions qui ont été déformés par les Constantinois et qui ne voulaient plus rien dire. Enfin, le poème originel est plus long et comporte neuf beyts (strophes) au lieu des sept chantés actuellement. Peut-être pourrais-je les publier un jour.


Le titre Dhâlma est assez récent. Les Constantinois l’appelaient Tâl eddorr ξaliyya. A Mascara et dans sa région, le poème était chanté par un orchestre où le cheikh [d] s’accompagne du guellâl [e]. A Constantine, la mesure est de 8/8 pour toute la chanson mais le mode mélodique change à chaque beyt. Cependant, les arrêts marqués pour exécuter des improvisations vocales et instrumentales [f] ne sont pas obligatoires. Quand ces improvisations sont insérées, la technique s’appelle beyt we cyâh (strophe puis improvisation vocale, en alternance).


On ne sait presque rien sur les circonstances qui ont régi l’introduction de ce poème dans le répertoire musical citadin de Constantine (mais pas dans le malouf ni dans le répertoire andalou) ni de la composition de ses nouvelles mélodies. Aux débuts de son interprétation à Constantine, on chantait toutes les dtrophes sur un même mélodie, celle avec laquelle commence maintenant la chanson. On raconte, quand même, que Abdelkrim Bestandji (1886-1940) aurait composé quelques mélodies dont celle en tabξ r’hawi [g] et Tahar Benkartoussa (1881-1946) celle en tabξ asbahân [h]. Si les compositions mélodiques nouvelles ont toujours été tolérées dans le hawzi ou le ξaroubi, ce n’est pas le cas pour le malouf qui est inconsciemment considéré comme sacré, donc non modifiable. La chose est discutable quand on sait que cette sacralisation n’a pas permis d’éviter les défaillances de la mémoire ni les travestissements des mélodies. Plus encore, certains cheikhs ont trituré les mélodies des pièces de la nouba ou les ont déplacées vers des noubas qui n’étaient pas les leurs.


Cheikh Abdelkader Toumi-Siaf (1906-2005) disait que seul le génie de la ville avait permis de faire de cette chanson relativement peu sophistiquée (mes excuses à ceux qui pensent le contraire) une chanson plus élaborée et aussi prisée. Une remarque, lorsque les Constantinois chantent Dhâlma, ils prononcent la lettre arabe qâf (ÞÇÝ qui n’a pas de sonorité équivalente en français), tantôt qa, tantôt ga (comme dans gare), à la manière bédouine. Voici le poème.




ÙÇáãÉ


ÈíÊ 1
ÚÐøÈÊí ÞáÈí ÝäíÊ æ ÇáäÇÓ ÓÇáãÉ

ØÇá ÇáÖÑ Úáíø æ ÒÇÏ ÇÊÇäí ÛÑÇãß
íÇß ÇáãäÝí ãÇ íÑíÏ ÞáÈå ãÞÇãÉ

ãÇ ÓÑøÍÊíäí äÑæÍ äÛÏÇ áÈáÇÏß
ڤÜÏøÇã Çáãæáì äÍÇÓÈß íÇ ÙÇáãÉ

ãÇ æÏøíÊíäí ÈÎíÑ ÙÇåÑ ÈÍÓÇäß
ÍÇÔì Çááå ãÇßíÔ ÈäÊ Òíä ÇáÚãÇãÉ1

íÇ ÔåáÉ ÇáÚíä ÂÔ ÐÇ ÇáßíÏ ÔÇäß
ÇáÑõÌáÉ æ ÇáÌæÏ æ ÇáÍíÇ æ ÇáÒÚÇãÉ

ãÇÔí ßí ÐÇ ÇáäÇÓ íÇ ÇáÍÑøÉ ßíÝ äÇÓß
ãÊÜãÍúÜáí2 ÕäÏíÏ ÝÇíÊÊáå ÇáÞíÇãÉ

Úãøß Îæ ÈÇÈÇß äÚÑÝå ÈØá ÊÇíß
íÇ ÈäÊ Çááí íúæßøÏæÇ3 äåÇÑ ÇáãÒÇÏãÉ

ÇáåÇäí Èä ڤÜäøæä ÔÇíÞ Úáì ÎíÇáß

íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì


ÈíÊ 2
Øæá Çááíá äÈÇÊ ßíÝ ÇáãÌÑæÍ ÇáÚÇØÈ

ÚÐøÈÊí ÞáÈí ÝäíÊ æ ßËÑÊ ÇåæÇáí
íÇ ÕÇÈÛÉ ÇáÙÝÑ æ ÇáÑãڨ æ ÇáÍæÇÌÈ

ÎÓÑÊ ÇáÊæÈÉ ÔíäÊ æ ÐÈÇá ÍÇáí
Ýíß íÍíÑæÇ ÇáäÇÙÑíä ãÇäíÔí ßÇÐÈ

ãÚØæÝ ÓúÑóãúÏí4 ÈúÍÇá ÞæúÓ ÇáåÜöáÇá
Èíä ÔÝÇíÝß ÑÇíÊ ßäÒ ããäæÚ åÇÑÈ

äæÑ ÌÈíäß íÔÚá ÈÇáÖí æ íáÇáí
ÇáÎÇá6 íÏÑÈí7 ÌãíÚ ãä ßÇä ÊÇíÈ

ÎÏæÏß ÑäÌÇÊ5 Ýí ÛÕæä ÇáÚáÇáí
ãä áÇ íÚÐÑäí íÛÜÑøÈå Ýí ÇáãÕÇíÈ

ÐÇß ÇáÎÔã ÇáÒíä ÒÇÏ áíø åÈÇáí

ÞáÈí ãÇ íÕÍÇÔ ßÇÓíÊøå ÛãÇãÉ
íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì


ÈíÊ 3
ÃäÇíÇ ãÇäíÔ ÞÇÏÑÚáì ÇáãÒÇÏãÉ

ڤæúã ÇáÚõÜÔڤÉ áÝÇÊ8 ÈÇáÒøڤÜÇ9 æ ÇáÚÑÇíß
ÚÈÏß ãä ÑÈí ãÊãáÜøß ÈÇáÛÑÇãÉ

ãúÓáÜøã ãÛáæÈ ØÇíÚ ÇáÃãÑ¡ ÛáÇãß¡
æ ÇÐÇ ÕÇÈß ÖÑ íÚæÏ ÌÓãí ÑãÇãÉ

ÚÏæß äÚÇÏíå áíÓ äÑÖì ãúßÇÑåß
ßá áíáÉ ÓåÑÇä æ ÇáÌæÇÑíä10 äÇíãÉ

ãÔÛæá ÈÇáÇäÖÇã11 ÏÑÒí12 ãÏÍõ ÔÇäß
æ ÇÐÇ ÊõÈÊ áÑÈøí äÝæÒ íæã ÇáÞíÇãÉ

áÇáí Èíß æ áÇ äÌíÊ ãä ÎæÖö äÇÓß

íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì


ÈíÊ 4
ÃÏøì ÇáÝÑíÖÉ æ ÑæøÍ áæáÇÏå ÓÇáã

ãä ÑæøÍ ãä ÇáÍÌø ÒÇÑ æ æáøì áÏÇÑå
ÔÑì13 Ýí ÇáÌäøÉ ÇáãäÒáÉ æ ÇáäÚÇíã

ÇáÞÇÑí ÑÈøí ÚØÇå ÕÝø ÓæÇÑå
ÇáÝáøÇÍ ÇÏøì áÈáÇÏå ÇáÛäÇíã

ãä áÞøã ÈÓÊÇä ÎÑøÝ Úáì ËãÇÑå
ÇáæÇáÚ ÈÇáÊÈÑ ÕÇÈ ßäÒå ãáÇíã

Íáø ÇáæÑÏ ÊäÓøã ÇáÚØÑ ãä äæÇÑå
ÛíÑ ÇäÇíÇ ãä æÌíÚÊß ÕÑÊ ÚÇÏã

ãÇÐÇ ãä æÌíÚ ÈúÑÇ æ ÐåÈÊ ÖÑÇÑå

ÑÔãÊí ÞáÈí ãÌÑøÍ ÈáÇ ÎöÏÇãÉ


ÈíÊ 5
ãÇ ÏÇÑí Èíø ÇáøÇ ßÑíã ÇáßõÜÑãÇÁ

ÌÇÍÏ ÓÑøí ãä ãßÇíÏ ÞÑÇíÈß
ÛíÑ íÈÇä ÑÖÇß ÊÑÌÚí ÈÇáäÏÇãÉ

ÛíÑ ãúÞÑúíÕ14 æ ÔÇÏø ÇáÑãÇíÉ15 ÞÈÇáÊß
ÑæÍí íÇ ÔÝøÇíÉ ÇáÚÏæ ÈÇáÓáÇãÉ

ÏÇÑ ÇáÚÇã æ ÒÇÏ Îæå æ ÇäÇ ãÓÇÚÝß
ãÇ ÊäÌÇÔí ãä ÍÏíË ÔíÁ ÇáãáÇæãÉ

ÞÚÏÊí ãÊåæãÉ ÛíÑ Èíø íÚÇíÑß
ÈäÇÊ ÇáÃÕæá íúæßøÜ쾂 Ýí ÇáãÎÇÕãÉ

íÇß ÇáäíÝ íÌíÈ íÇ ÇáÍõÜÑøÉ ãËÇíáß

Çááí ÑÖÇß ÇÑÖíå ÐÇß ÞÇáæå ÇáÚÇãøÜÉ
íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì

ÈíÊ 6
ÇáÎÕáÉ åí ßãÇá æÕÝ ÇáÍÑÇíã

ÇáÇãÊÍÇä íÒíÏ Ýí ÇáËÜäÇ æ ÇáÚäÇíÉ
íÈáÛ ÝíåÇ ßá ÔíÎ ãÐᑥ ÏÇíã16

ÔÇÝæÇ ÇáÚæÇáí ãä Çíä íÞÚ쾂 ãÓÌøíÉ
ÝíåÇ ßæÑ18 íåÏøã ÇáÚÏæ ßíÝ íåÇÌã

ßÓÑÊ ÛíÏ17 ÇáÓæÏ ÈáÛÊ ãÞÇã ÇáÌÇÒíÉ
áÈÓÊ ÊÇÌ ÇáÚÔÞ ÑÇíÓÉ Úáì ÇáÚæÇÑã

ÝÇÒÊ ÝæÞ ÌãíÚ ãä íÞæáæÇ ÇÍäÇíÇ
ÍõÑøÉ Ýí ÇáÏäíÇ ãúíÕøáÉ19 ãä Èäí ÂÏã

ÃäÊí ãÝÑæÛÉ ãä ÇáÐåÈ íÇ ÇáÛÇáíÉ

íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì


ÈíÊ 7
ÞÇÏÑ ÊÊÈÎÓí æ áÇ ÊÕíÈí ãÓÇæãÉ

ÎÇÝí ãä ÑÈí ÚÓì ÈÏÚæÊí íÚÇÞÈß
Çááí ãäÒáåÇ ÇÚáì ÈÓÈÚíä ÞÇãÉ

ÎÇä ÇáÏåÑ ÑÏÇÍ20 ØÇÛíÉ ßíÝ ØÛÇíÊß
ÍÊì ÖÇÚ ÎáÇÕ ßáøÜãÊøå áåÇãÇ21

Ýí Ùá ÞÕÑåÇ Ýäì ÇáÚÇÔÞ äÚíÏ áß
åÐÇ ÇáÛõÜäÌíÉ Úáí ÇáãúÑÇíÈ22 ÍÇÑãÉ

ڤÇáÊ áå ØãøÇÚ ÌíÊ ÎÓøÑÊ ÇíÇãß
ÔåúÏÉ Èíä äãæÑ Ýí ÌÈá ãä ÑõÎÇãÉ

ãÇÐÇ ãä ØãøÇÚ ÓÎøÜÝÜÊøå ÈÍÇáß
ÃäÊí ããáæßÉ æ ÌÑúíÊß ÛíÑ ÚÇÏãÉ

ÞÇá áåÇ ãÇäíÔ ÑÇíÏ Úáì ßáÇãß

íÇ ÙÇáãÉ Úáíß äÎáøí æáÇÏ ÚÑÔí íÊÇãì



Annotations du poème :


1. Zayn el ξamâma, litt. : au joli turban. Expression pour désigner un dignitaire car le turban était signe de distinction par sa hauteur, sa forme, sa couleur et sa matière.


2. Matmahli : élégant, gentleman. Les Constantinois prononcent mât m’halli (litt. : est mort paré). Sous entendu : paré de son armement lors d’une bataille. Le terme matmahli est utilisé par Benguennoune dans son poème El m’chahra.


ÈÇáÛíø ãÇ ÞÖì ÕÇáÍÉ ÇáãÊúÜãÍúÜáí


íÇ ØæáÉ ÇáÌÑíÏÉ ÊÜÈÑøãí áåæÇíó


Ô femme élancée comme feuille de palmier, ne t’aperçois-tu de ma passion ?





Le gentleman ne peut obtenir ce qu’il veut par la force




Dans la version la plus ancienne de Dhâlma, disponible à Constantine, Benguennoune ne parle pas de l’oncle paternel de sa bien-aimée mais de son père.


ãÊÜãÍúÜáí ÕäÏíÏ ÝÇíÊå áå ÇáÞíÇãÉ


æÇß ÇäÊí ÈÇÈÇß äÚÑÝæå ÈØá ØÇíß
Ton père n’est-il pas un brave ?




Que si. Gentleman et vaillant, méritant le Paradis






3. Ywekk’dou, de l’ar. : akkada (confirmer). Dans ce dernier hémistiche, le poète décrit sa bien-aimée comme « fille de ceux qui montrent bravoure dans la bataille », pour lui dire qu’elle doit être aussi courageuse qu’eux et de répondre favorablement à son amour pour elle, sans se soucier des médisances auxquelles elle n’échappera pas, de toutes façons.


4. S’remdi : interminablement. De l’ar. classique : sermed (permanent, interminable).


5. Randjât, plur. de randja : orange amère. Le fruit était largement répandu dans cette région à agrumes et les poètes utilisaient souvent les éléments de leur environnement pour illustrer leurs descriptions. Benguennoune décrit ainsi la rougeur des joues de sa bien-aimée.


6. El khâl (gros grain de beauté) par opposition au khân (petit grain de beauté). A ne pas confondre avec l’homonyme khâl qui signifie : oncle maternel.


7. Yderbi : qui chamboule, qui perturbe.


8. L’fât, du verbe classique : alfâ (trouver). Dans le poème, le sens est : « les gens de la bien-aimée ont découvert l’idylle (sans péjoration ni ironie) ».


9. Z’gâ : appels hauts et forts. Du verbe ar. classique : zaqâ. Z’gâ est également utilisé aujourd’hui dans l’Algérois et signifie : appeler quelqu’un (pour qu’il réponde ou qu’il vienne).


10. El djouârîn : les voisins (dans le langage quotidien de l’Oranais). Certains Constantinois prononçaient el djawârî (les servantes) puis ont dévié vers el djawârih (les parties du corps). Cette dernière prononciation est récente et ne figure sur aucune version ancienne du poème.


11. Lendâm, prononciation dialectale de el andâm, plur. de nadm qui est un ξaroubi proche du melhoun.


12. Derzi, de darz : genre de ξaroubi composé spécialement pour être chanté en mesure. A Constantine, le derz est l’un des trois types du genre mahdjouz.


13. Echra, litt. : a acheté. Pour signifier : « qui a appris le Coran a acheté une place au paradis ». Dans une autre version du poème, parfois chantée à Constantine, on remplace echra par ξachra (fréquentation, séjour de très longue durée en parlant du paradis). Cette 2ème version était celle préférée par le musicien constantinois Abdelmoumène Bentobbal (1928-2004).


14. M’qaryas : figé. En position du guetteur qui attend un signe de sa bien-aimée, qui monterait sa complaisance. Dans une autre version du poème m’qaryas est remplacé par m’qarras. Le sens est relativement le même.


15. Er-remâya : le lancer, le tir (nom d’action). Le poète est en position de tirer au sens figuré. Il ne pointe pas d’arme dans la direction de sa bien-aimée mais la regarde (quand il le peut), scrute et guette.


16. Une version plus ancienne de ce vers (ci-dessous citée) mérite d’être indiquée car le sens en devient différent. En effet, dans la version actuellement chantée, on comprend qu’il s’agit d’une joute poétique, formelle ou non. Néanmoins, j’ai gardé la version actuelle du moment qu’elle ne diminue en rien la valeur du poème.


ÈíåÇ ÈáÜøÛ ßá ÔíÎ ãÐᑥ ÏÇíã


ÔæÝí áڤÜæÇáí ãä Çíä ãÚÏæã ÓÌÇíÇ


Ecoute mes paroles, qui disent ma grande peine,





tous les grands bardes racontent mon histoire




17. Dans la version constantinoise, on prononce ξayn au lieu de ghayd. Le sens deviendrait : « elle a vaincu celles aux yeux noirs (elle qui a les yeux clairs) ». A noter que les belles noires ne sont pas nécessairement de race noire mais pourraient être brunes et/ou de teint basané.


18. Kour : protubérance plus ou moins ronde, ou surélévation au dessus de ce qui est déjà assez élevé, comme la scelle au dessus de la bosse du dromadaire. Le kour cité par le poète pourrait être la coiffure (en hauteur et hautaine) de sa bien-aimée. On pourrait penser qu’il fait allusion à un quelconque galbe ou à une rondeur mais, dans le reste du poème, il ne décrit le physique qu’assez peu et toujours avec pudeur. Ben Sahla utilise le terme kour dans son poème Moulât el khâna (Celle au grain de beauté), hawzi connu et chanté à Constantine. Les extrémités des étoffes qui composent la tenue portée par la bien-aimée sont comparées par Ben Sahla aux voiles d’un sari (type de navire de guerre). Peut-être est-ce l’effet de la brise sur lesdites extrémités d’étoffes qui a poussé le poète à faire cette comparaison.


íÑãí ÈÇáᑥ æ ÇáãúÜÏÇÝÚ¡ ØÑÇÏõå íÑúåÈ ÑúåÜíÈ


ÅÐÇ ÊãÔí ÊÜÞæá ÓÇÑí¡ ÞÜáæÚõå ßÜÊøÜÇäÇ
Sa démarche évoque un navire, aux voiles en tissu,


tirant avec « kours » et canons, à effarer l’ennemi


19. Myassala : à la généalogie ininterrompue. De l’ar. : açl (origine), les Maghrébins ne prononçant pas la hamza. Bien que cela ne figure sur aucune des versions du poème, il n’est pas impossible que ce soit myassala men benî Hâchem (descendante des Beni Hâchem, donc de sang noble) et non myassala men benî Âdem (de descendance connue et ininterrompue parmi les humains, donc sans bâtardise).


20. R’dâh : femme hilalienne à la beauté légendaire, à l’instar de El Djazia.


21. Lihâmâ, pronociation dialectale de ilhâmâ de l’ar. classique : ilhâm (inspiration). Dans une autre version, lihâmâ est remplacé par lawâmâ (avec reproches).


22. El m’rêyeb, litt. : les choses douteuses. De l’ar. classique : rayb (doute). Par « choses douteuses », R’dâh veut dire « libertinage ».






Traduction


Et voici ma traduction du poème. Les différentes versions permettent des traductions très diverses, voire aux antipodes l’une de l’autre. Néanmoins, je me fie à celle que j’ai publiée en arabe, quitte à actualiser le poème et sa traduction dans le futur. Les expressions devant être replacées dans leur contexte d’origine, je ne me suis pas lancé dans une traduction au mot à mot. Le sens est global mais sont expliqués les mots en arabe dialectal qui sont méconnus dans la région de Constantine. Je traduis presque spontanément et en me fiant à mon oreille musicale. La rime pourrait rappeler La Fontaine (1621-1695) et le rapprochement ne serait pas fortuit. Je sais que ce genre de rime est habituellement associé au lyrisme et non au drame ou à l’héroïsme. Cependant, je ne pense pas qu’il diminue de la valeur du poème. En tout état de cause, je pourrais moi-même traduire cette même version du poème de plusieurs manières. Enfin, les hémistiches se lisent de gauche à droite.




Injuste


1ère strophe

M’accable ton amour et perdure ma douleur,


je me consume, les autres sont au bonheur
Dans ton pays tu ne me laisses venir,


nul exilé n’aime quelque part s’établir
Tu ne m’as aimé ni accordé tes faveurs,


ô injuste, je te plains au Seigneur
Belle à l’œil clair, ce complot ne te fait-il pas peur ?


A Dieu ne plaise, toi qui es fille de seigneur
Bonne femme, tu n’es point banale mais comme les tiens,


prudes seigneurs, rudes mais gens de bien
Ton oncle paternel, quelle vaillance,


gentleman et brave, que Dieu le récompense
Benguennoune, de ne plus t’apercevoir se sent mal,


ô fille de preux au courage sans égal



Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins



2ème strophe

Grandit mon tumulte, quand tu tortures mon cœur,


la nuit durant, tel blessé, tel estropié, je me meurs
J’en oublie ma piété, je fane, je maigris,


de la couleur de tes ongles, tes paupières, tes sourcils
Tel croissant de lune, je suis courbé de chagrin,


qui ne subjuguerais-tu parmi les humains ?
Ton front luit, d’éclat illuminant,


entre tes lèvres je vis un trésor, insaisissable et fuyant
Tes joues sont des oranges amères si haut perchées,


le grain perturbe tout pieux, de beauté
Ce nez charmant me rend plus fou,


malheur à qui ne me pardonne tout



Mon cœur ne s’extasie qu’enveloppé de ton ombre


Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins





3ème strophe

Les gens de mon aimée en sont à jaser,


bruyants et menaçants, je ne puis les défier
Résigné et vaincu, à tes ordres, je suis ton servant,


esclave je te suis né, possédé par ta passion
Je hais ce que tu hais, m’est ennemi ton ennemi,


dans tout ce qui t’affecte, je suis ton demi
Je compose des poèmes pour ta louange,


chaque nuit, lorsque mes voisins s’allongent
Insomniaque, de jour j’entends les tiens médire,


puissé-je gagner mon salut par le repentir



Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins





4ème strophe

Qui vit La Mecque et rentra sage,


sauf, vers ses enfants, et accomplit pèlerinage
Qui apprit Coran se rapprocha de Dieu,


acquit au paradis bienfaits à pleins yeux
Qui paysan élagua jardin,


fit bonne cueillette, à son pays revint
Qui, passionné de fleurs, fut émoustillé,


de parfums de roses écloses, éparpillées
Qui souffrant guérit, oublia ses mauvais jours.


Seul moi je reste anéanti par ton amour



Tu as piqué mon cœur, lardé sans lame





5ème strophe

Je tais ce qu’en moi, agacerait les tiens,


nul bienfaiteur que Dieu ne sait de quoi je me retiens
Figé guetteur, je tends mon arc vers toi,


tu flancheras et, soumise, tu viendras
Un an a passé puis l’autre et je patiente,


va en paix, toi qui mes ennemis alimente
On te taxe de moi, on te suspecte,


tu n’échapperas point à la vindicte
Je séduirai la noble que tu es car je suis digne,


noblesse de femme, dans tout conflit se désigne



Accepte qui t’accepte, ainsi dit-on bien


Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins




6ème strophe

La joute surenchérit dans la louange et la flamme,


l’emporte qui parfait sa description des femmes
Celles nobles prirent place,


y gagne qui est émérite et sagace
Elle vainc les belles brunes, égale El Djazia,


ses tourelles atours assaillent comme en fantasia
Elle, surpasse celles qui pour beauté se querellent,


elle se couronne d’amour, s’intronise parmi les belles
Tu es coulée d’or ô chère désirée,


noble tu es, noble est ta lignée



Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins






7ème strophe

Crains Dieu, il pourrait te punir,


tu pourrais te ridiculiser et ne savoir que dire
Le temps a trahi R’dâh, cruelle comme toi


mais qui de rang te dépasse soixante-dix fois
Aux portes de son palais fanait l’amant, dit-on,


à s’en perdre. Elle lui dit sans parler nullement
Tes calculs sont faux, vaine est ton attente,


belle je suis mais point concupiscente
D’autres que toi, ont espéré atteindre miel


contre tigres gardiens et haute citadelle
Il répondit : Je n’ai cure de tes dires, tu m’appartiens


et de ressort m’est ton entretien



Ô injuste, fussent les miens pour toi orphelins




En se replaçant dans le contexte, le poème en arabe dialectal est fort en sens. Certes, Benguennoune use de comparatifs qui frisent les superlatifs mais c’est le propre des poètes. Je crois que ce qui retient le plus l’attention c’est sa dichotomie, entre soumission à sa bien-aimée et regimbements où il se révolte et menace à demi mots. Tantôt suppliant, tantôt menaçant. Tantôt louant le rang et les mérites de la famille de sa bien-aimée, tantôt essayant de lui faire poser les pieds par terre en lui racontant comment se révolta l’amoureux de R’dâh (dans la partie non chantée du poème, il finit par aller chercher main forte pour la rabaisser, elle et les siens). Ceci trahit chez le poète un certain état d’ambivalence qui rend la compréhension plus difficile, donc plus intéressante.


Je crois que Benguennoune exprime tout simplement ce qu’il ressent comme le font les poètes. La logomachie n’a pas sa place et les mots sont au service et du sentiment et de l’imaginaire. Faut-il rappeler qu’ils ne disent pas toujours vrai et que la magie de tout poème est dans le fait que s’y mélangent mythe et réalité, insinuation et exagération ? C’est cela qui différencie la poésie du récit historique. Et encore, même les historiens, les narrateurs et les voyageurs taisent des choses et en enjolivent d’autres. Il n’en demeure pas moins que le poème Dhâlma est l’une des chansons les plus prisées par les Constantinois. Son rythme et la variété des modes dans lesquels elle est chantée, font en sorte qu’elle ne lasse pas. Plus important, elle ensorcelle par son histoire d’amour où Benguennoun accepte de se consumer comme une bougie pour éclairer les soirées et les cœurs des mélomanes.








Notes de l’article :


[a] Une autre date est parfois donnée pour Benguennoune :1792-1885.


[b] Mohamed Belhalfaoui, La poésie arabe maghrébine d’expression populaire, F. Maspero, Paris, 1973, pp. 92-99.


[c] Mohamed Belhalfaoui, op. cit., p. 202.


[d] Le plus connu des interprètes de Dhâlma dans sa version bédouine est cheikh Hamada (1889-1968), de son vrai nom Mohamed Gouaïch. On peut voir une .

http://www.sama3y.net/forum/showpost...6&postcount=20


[e] Guellâl : instrument de percussion recouvert de peau d’animal et de forme quasi cylindrique.
Cf. Jules Rouanet, La musique arabe dans le Maghreb, in Encyclopédie de la Musique et Dictionnaire du Conservatoire, direction A. Lavignac, Delagrave, Paris, 1922, p. 2932.


[f] Les musiciens constantinois (et les autres) appellent istikhbâr toute improvisation, instrumentale ou vocale. En réalité l’improvisation instrumentale est istikhbâr et l’improvisation vocale est cyâh.


[g] Le beyt à la mélodie en tabξ r’hawi est actuellement le 2ème mais cela n’a pas toujours été le cas. En tout état de cause, l’ordonnancement de la succession des mélodies est laissé au libre choix de l’interprète. Concernant ce tabξ, j’ai dit précédemment que le tabξ r’hawi ancien n’est pas celui exécuté aujourd’hui par les musiciens constantinois mais il en est très proche. Quant à l’actuel tabξ r’hawi, il provient de musiques exogènes.
Cf. Hichem Zoheïr Achi, La dynamique comme postulat pour la musique savante andalou maghrébine, in 3ème Forum de la Musique Savante Maghrébine, Constantine, 30 sept. 2004.


[h] Le tabξ asbahân, habitellement réservé au 4ème beyt, est le asbahân as-saghîr.
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